Bachote et tais-toi !

La Chine communiste est restée fidèle au mode de sélection des élites mis en place par la cour impériale au VIIe siècle. Les jeunes désireux d’intégrer l’université doivent passer par l’épreuve du gaokao, au terme de douze années de travail intensif qui agissent comme un puissant outil de domestication des esprits.


© Guo Chen/Xinhua/Rea

Dans une boîte à bac pour lycéens recalés au gaokao, à Hefei, capitale de l’Anhui, province de l’est de la Chine.

La BBC a diffusé en 2015 un documentaire intitulé « Nos enfants sont-ils des petites natures ? L’exemple de l’école chinoise ». Cinq enseignants chinois y prenaient en charge un groupe de 50 élèves de quatrième dans un collège public du Hampshire. Il s’agissait de montrer que le système éducatif chinois, fondé sur le bachotage – douze années de travail intensif, du primaire à l’examen d’entrée à l’université, le gaokao – était plus efficace que les méthodes d’enseignement britanniques, moins contraignantes et moins directives. Il faut croire que oui : les élèves eurent de meilleurs résultats. Un vif débat s’ensuivit. Indépendamment de la question de savoir quel système est le meilleur, les Occidentaux devraient s’interroger sur la raison d’être de cet enseignement axé sur le bachotage. Et sur la manière dont les élèves le vivent. À l’âge où un adolescent occidental est occupé à tomber amoureux ou à découvrir la vie, un jeune Chinois a toutes les chances de se retrouver cloîtré à mémoriser des informations dont il n’aura probablement aucun usage dans sa vie future. Comme Alec Ash le souligne dans son ...
LE LIVRE
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Street of Eternal Happiness: Big City Dreams Along a Shanghai Road de Rob Schmitz, Crown, 2016

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