Ainsi disparaît Pékin

La capitale chinoise mue à une vitesse hallucinante. Des quartiers entiers changent de visage en quelques semaines. Mais, avec les ruelles et les maisons traditionnelles, ce sont des habitants que l’on efface : pendant que l’élite investit le centre, les plus modestes sont repoussés à la périphérie.

J’ai profité d’un récent week-end à Pékin pour me promener dans les venelles du quartier de Qianmen, l’ancien centre commerçant de la capitale dont les échoppes traditionnelles sont aujour­d’hui encore célèbres dans tout le pays. L’une des ruelles principales, la rue Dazhalan, a été transformée en fac-similé du Vieux Pékin : ses façades sont un peu trop rutilantes pour être vraies, mais on y trouve toujours les produits traditionnels – chaussures en coton, chapeaux, potions médicinales, confiseries – qui ont fait la réputation de ses boutiques. Malgré leur côté kitsch, les bâtiments sont plus ou moins d’origine. Clients et touristes venus de province continuent de s’y bousculer. J’ai ensuite emprunté la rue Qianmen, la grande artère qui relie le sud de la place Tian’anmen au temple du Ciel. Je l’ai arpentée de bout en bout, complètement déboussolé. Les vieilles maisons qui la bordaient n’avaient, certes, jamais été belles, mais elles possédaient un je-ne-sais-quoi d’indéniablement authentique. Je n’en ai pas retrouvé une seule. À leur place s’élevait une sorte de décor de ...
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Dans les annales de Pékin de Jun Wang, World Scientific Publishing Company, 2011

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