Le calvaire des Haïtiens de République dominicaine

Le paradis pour touristes est devenu une terre de cauchemar pour sa population d’origine haïtienne : en 2013, 200 000 descendants d’immigrés ont été privés de leur nationalité. Depuis, ils vivent dans la peur de l’expulsion ou se réfugient dans des camps en Haïti, ce pays qu’ils ne connaissent pas.

 


©Tony Savino/Corbis/Getty

2012. Des Haïtiens franchissent la frontière pour aller s’apprivionner au marché de Dajabón, là même où le dictateur Trujillo avait prononcé en 1937 un violent discours anti-Haïtiens.

Par une nuit chaude de l’an 2000, le pasteur Toussaint fit un rêve. Il rassembla en quelques jours ses rares possessions et quitta Thiotte – la commune du sud d’Haïti où il était né, tout près de la frontière avec la République dominicaine – pour s’installer à 40 kilomètres de là, sur un terrain vague surnommé Parc Cadeau. C’est sur cette terre en friche, à la périphérie de la ville frontalière d’Anse-à-Pitres, qu’il lui avait été ordonné, en songe, d’élever une église. Ce pasteur évangéliste au teint café au lait commença donc de prêcher aux quelques fidèles venus des collines alentour et d’Anse-à-Pitres. À l’époque, il ne savait pas encore pourquoi. « Ce n’est pas moi qui ai choisi, c’est Dieu », affirme-t-il aujourd’hui à l’ombre du temple improvisé qu’il a construit de ses mains. À Parc Cadeau, le soleil écrase tout. Seuls quelques arbustes, les mezquites, poussent çà et là. Mais, à partir de juin 2015, les ouailles commencèrent d’affluer plus nombreuses. Les fidèles descendaient des montagnes pour s’installer aux abords de l’église en bois au toit de feuilles ...
LE LIVRE
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Où allons-nous vivre ? Flux migratoires et apatridie en Haïti et République dominicaine de Amnesty International, 2016

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