Adenauer et la diplomatie du vin

Les chanceliers et présidents allemands des dernières décennies l’ont bien compris : une bonne bouteille vaut mieux qu’un débat. Et leur diplomatie a souvent fait un usage habile du vin.

Le chancelier avait fermement arrimé son pays à l’Ouest, scellé un rap­prochement avec l’ennemi héré­ditaire français, œuvré pour l’unité européenne et la réconciliation avec Israël. Mais à présent, au terme de quatorze ­années passées au pouvoir, ­Konrad Adenauer avait une préoccupation d’un autre ordre. Que devait-il laisser à son successeur, Ludwig Erhard ? Le riesling qu’Adenauer ­aimait tant, par exemple ? Il avait ­encore huit excellentes bouteilles de « sélection de grains nobles » à la cave, confia le vieil homme à son dernier visiteur offi­ciel, le Premier ministre belge Théo Lefèvre, à l’automne 1963. On allait les vider ­ensemble, car « pour M. Erhard, qui n’entend rien au vin, ce serait du gâchis. »­ Ludwig Erhard préférait boire du whisky, et lorsque, après seulement trois ans passés à la chancellerie, il dut démissionner, le fils d’Adenauer, Paul, nota dans son journal : « Père a fait déboucher ce soir une bonne bouteille pour en boire une gorgée et fêter le départ d’Erhard. » Adenauer savait que le vin fait bon ménage avec les affaires d’État. Lorsqu’en 1959, pendant un ...
LE LIVRE
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Mit Wein Staat machen. Eine Geschichte der Bundesrepublik Deutschland de Knut Bergmann, Insel, 2018

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