Chinua Achebe, un météore incandescent dans le ciel africain

En 1958, le court roman d’un jeune Nigérian inconnu, Chinua Achebe, parvient à une maison d’édition londonienne. Tout s’effondre sera un formidable best-seller. Et un symbole, celui d’un Africain exprimant à la perfection, dans la langue du colonisateur, la tragédie de la colonisation.


© Keystone / Zuma / Leemage

L’écrivain nigérian Chinua Achebe, ici en 1971. « L’un des nombreux messages que je me suis efforcé de faire passer, c’est que l’Afrique n’était pas un territoire vierge avant l’arrivée des Européens. »

«Tant que les lions n’auront pas leur historien, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur », écrivait Chinua ­Achebe. Il poursuivait : « Quand j’en ai pris conscience, je me suis dit qu’il me fallait devenir écrivain. Je devais être cet historien. Ce n’est pas le travail d’un seul homme, d’une seule personne. Mais c’est une tâche que nous devons mener à bien, de telle sorte que l’histoire de la chasse donne à voir ­aussi l’angoisse, la douleur, la bravoure s’il le faut même, des lions. » Inventeur de ce proverbe désormais célèbre, Chinua Achebe l’a mis à exécution. C’est que l’écrivain nigérian ­anglophone, décédé en 2013, peut, à juste titre, être considéré comme le premier à avoir glorifié les lions ou, au moins, à leur avoir redonné une place. Le premier à avoir écrit le récit de la colonisation du point de vue des ­Africains, là où prévalait jusqu’alors le regard du Blanc. Sans doute y a-t-il eu d’autres écrivains africains, mais, avec Tout ­s’effondre, celui que l’on surnommait « le Dictionnaire » à l’école n’écrit pas seulement, en 1958, ...
LE LIVRE
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Tout s’effondre de Chinua Achebe, Actes Sud, 2013

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