Chroniques du Kerala
Lors de sa parution en 2016 dans un hebdomadaire en malayalam, la nouvelle « Biriyani » avait suscité un « débat enflammé », rappelle le quotidien anglophone The Times of India. Son auteur, le nouvelliste Santhosh Echikkanam, originaire du Kerala, dans le sud-ouest de l’Inde, y raconte l’histoire d’un migrant hindou. Venu d’un village reculé du Jharkhand, dans le nord-est du pays, Gopal Yadav est embauché dans une bourgade du Kerala pour aider aux préparatifs d’un mariage musulman. Le faste de la cérémonie l’impressionne : lui qui n’a pas mangé de la journée doit creuser un trou profond pour y déverser des kilos de nourriture gaspillée, notamment du biriyani ; ce faisant, il se souvient de sa famille frappée par la disette.
Initialement encensée pour ses qualités littéraires, la nouvelle a fait polémique lorsque Rubin D’Cruz, représentant de l’édition au sein de l’influent National Book Trust (l’équivalent du Centre national du livre et du Syndicat national de l’édition réunis) a estimé sur Facebook qu’elle véhiculait des préjugés sur les musulmans en les présentant comme « polygames », « bling-bling » et « pour la plupart incultes ». Une lecture trop manichéenne, ont alors riposté les jeunes nouvellistes Manoj Kuroor et Benyamin, qui s’insurgeaient contre le « terrorisme » intellectuel. Quatre ans plus tard, la parution en anglais de la nouvelle au sein du recueil Biriyani and Other Stories ne semble pas faire de vagues. Comme le relève le mensuel The Caravan, Echikkanam explore toutes les facettes de la vie du Kerala, « des travailleurs agricoles migrants aux familles aisées », sans oublier le poids de la bureaucratie dans le quotidien de ses habitants.