Gandhi et Lady Watch
Publié le 27 mars 2015. Par la rédaction de Books.
Gandhi était d’une ponctualité maladive. Consulter sa montre anglaise Ingersoll à 1 dollar était son premier geste de la journée, qu’il commençait à 4h00 du matin. C’était aussi la dernière chose qu’il faisait en se couchant, souvent après minuit. Dans son journal Inde, Roman Rolland évoque cette montre « qui tient une si grande place dans l’habillement de Gandhi puisque, lorsqu’il est nu, il n’a qu’elle pour vêtement, avec son pagne (…) Il ne la quitte jamais ; il est l’homme de l’exactitude à la minute ». Le Mahatma obéissait à un emploi du temps établi avec une précision d’horloge suisse. « Lady Watch (“Dame Montre”) me rappelle que c’est l’heure de ma promenade, écrit-il dans une lettre. Je lui obéis donc et j’arrête là ». Un jour, il passe plus d’un quart d’heure à sermonner son petit-fils qui avait eu le malheur de dire qu’il était cinq heures quand il n’était que cinq heures moins une. Signe d’anxiété ? Non, conviction philosophique. Pour Gandhi, nous ne sommes pas plus propriétaires de notre temps que de notre argent : « Il ne faut pas gaspiller un grain de riz ni une minute de son temps. Il appartient à la nation et nous en sommes les simples administrateurs ». De ce point de vue, le père de l’indépendance indienne ne ressemblait pas à ses compatriotes. Les Indiens sont célèbres pour leur ponctualité aléatoire. Une conséquence, peut-être, de la conception cyclique du temps dans l’hindouisme. D’ailleurs, l’hindi n’a qu’un seul mot, kal, pour dire à la fois hier et demain.