Art

Koons, pour le malheur de l’art

Cette œuvre d’une arrogance glaciale, banalisation boursouflée d’un dadaïsme mal compris, est placée par la critique au-dessus de toute critique. Au nom de la litanie d’erreurs de jugement qui émaille l’histoire de l’art, on ôte d’emblée toute légitimité à la nausée qu’éprouve le visiteur, sous prétexte que l’œuvre se veut dérangeante. En fait d’avant-gardisme, Jeff Koons est un populiste dont le seul génie est de savoir vendre à prix d’or son néant esthétique. Un artiste pour publicitaires.


Jeff Koons : Moon (Light blue) (1995-2000), Marc Wathieu
Représentez-vous la rétrospective Jeff Koons au Whitney Museum (1) comme l’orage parfait (2). Avec, au centre de l’orage parfait, un vide parfait. L’orage, c’est tout ce qui se passe autour de Jeff Koons : les enchères à plusieurs millions de dollars, les marchands d’art de premier plan, les commentaires hyperboliques des critiques, l’adulation et la controverse, et puis le public, qui veut naturellement connaître la raison de tout ce tapage. Le vide, c’est l’œuvre elle-même, montrée sur cinq étages du Whitney Museum en une succession de trophées de la pop culture d’une telle atonie émotionnelle que les visiteurs ont l’air un peu hébétés lorsqu’ils extirpent comme il se doit leurs smartphones pour prendre des selfies. Présentés devant d’austères murs immaculés et sous une vive lumière blanche, les ballons de basket en suspension, les appareils ménagers enfermés dans le Plexiglas et tout l’assortiment de babioles, souvenirs, jouets et autres accessoires de piscine, minutieusement fabriqués en versions géantes par Koons, distillent une arrogance chic et glaciale. Les sculptures et les peintures de ...
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Jeff Koons, le catalogue officiel de Koons, pour le malheur de l’art, Centre Pompidou

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