La dictature des médiocres

Les cadres issus de l’ancien KGB ne sont pas responsables des déficiences du système politique. Le vrai problème, c’est l’arrivée aux postes clés d’une noria de nullités corrompues. Les meilleurs quittent le pays. La Russie est devenue une sorte d’État privé, de nature féodale, où la politique n’est qu’un type d’affaires parmi d’autres.

Nombre d’experts occidentaux décrivent aujourd’hui la Russie comme un pays sombrant dans le totalitarisme, suivant lentement (ou pas si lentement que ça) le chemin de l’Union soviétique, dont le régime autoritaire s’est effondré sous la pression croissante d’une société civile émergente. L’opinion commune impute ce tournant autoritaire à la nature de l’élite politique russe contemporaine. Ses membres, font valoir de nombreux analystes occidentaux comme Ian Bremmer dans sa « Courbe en J (1) », sont recrutés de façon disproportionnée dans ce qu’on appelle les silovyié strouktoury, les instances chargées de faire appliquer la loi et les services de sécurité, dont on fait remonter les origines aux services secrets et à l’appareil militaire de l’ère soviétique. Ces convictions se conjuguent pour offrir, tout bien pesé, une lecture plutôt optimiste des perspectives à moyen ou long terme de la Russie : soit la société civile russe se réveillera à nouveau et sauvera la situation, comme elle est censée l’avoir fait en 1989-1991, soit l’élite actuelle vieillira et quittera la scène. Dans un cas comme dans l’autre, un changement positif se ...
LE LIVRE
LE LIVRE

La courbe en J de Ian Bremmer, Simon & Schuster, 2006

SUR LE MÊME THÈME

Dossier L’ère du traumatisme
Dossier La nouvelle guerre froide
Dossier La nouvelle Inquisition

Dans le magazine
BOOKS n°123

DOSSIER

Faut-il restituer l'art africain ?

Chemin de traverse

13 faits & idées à glaner dans ce numéro

Edito

Une idée iconoclaste

par Olivier Postel-Vinay

Bestsellers

L’homme qui faisait chanter les cellules

par Ekaterina Dvinina

Voir le sommaire