Publié dans le magazine Books n° 23, juin 2011. Par Jennifer Robertson.
Dame de compagnie, seconde maman, prof, serveur de café ou garde-malade… Les humanoïdes sont l’espoir d’une société nippone confrontée à un déclin démographique sans précédent. Les robots doivent épargner des révisions déchirantes à un pays qui rejette le travail des femmes et la présence des immigrés.
Dans les années 1980, à l’heure où la rivalité commerciale nippo-américaine provoquait de violentes émeutes à Detroit, capitale de l’automobile, les médias brocardaient volontiers les salariés japonais, ces simples robots trimant 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pour la gloire de Japon SA. Ces clichés désobligeants semblent avoir périclité de concert avec l’économie de l’Archipel, depuis les années 1990, mais les robots – non salariés, cette fois – sont plus présents que jamais.
Aujourd’hui, le Japon compte sur eux pour assurer sa renaissance économique. Selon le ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie (Meti), l’industrie robotique japonaise et ses appendices domineront le marché mondial au XXIe siècle, tout comme l’industrie automobile a dominé le marché mondial il y a quarante ans. « Les robots sauveront le Japon ! », clamait le titre d’un
bestseller de Shin Nakayama publié en 2009. Shigeki Sugano, président du département d’Ingénierie mécanique moderne de la prestigieuse université Waseda, à Tokyo, affirme pour sa part : « Après la voiture et l’ordinateur, les robots de compagnie seront la prochaine grande aventure industrielle. Car tous les pays développés, ...