Le mufti contre le poète

Les mesures répressives se multiplient contre les jeunes auteurs jordaniens qui s’écartent de la tradition et de la morale religieuse.

« La période est des plus difficiles pour les écrivains en Jordanie, où des livres sont saisis et des auteurs poursuivis, notamment parmi les jeunes. Leur production, désignée par l’appellation “littérature de jeunes”, est accusée de rechercher la gloire en s’attaquant aux tabous. » Celui qui écrit ces lignes dans Al-Hayat, le quotidien arabophone de Londres, sait de quoi il parle. Jeune poète, Islam Samhan a passé quinze jours en prison en octobre dernier pour « atteinte à l’islam et à son Prophète » dans son premier recueil de poèmes, Bi-rachaqati Dhil (« Avec la légèreté d’une ombre »). Publié à Amman en février 2008 par les éditions Dar Al-Fada’at, le livre a été saisi. Son auteur et son éditeur sont en cours de jugement. L’affaire, qui fait grand bruit dans la presse et les milieux intellectuels arabes, a commencé, selon le quotidien libanais Al-Akhbar, lorsqu’un chroniqueur d’un site Internet a considéré que certaines expressions « portaient atteinte à la puissance divine ». Saisissant la balle au bond, le mufti de Jordanie, invité à s’exprimer sur le sujet par une petite radio islamiste, qualifia Samhan d’« apostat ». ...

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