Publié dans le magazine Books n° 75, avril 2016. Par Paula Rabinowitz.
Les romans noirs destinés aux femmes d’âge mûr, déprimées par leur vie de famille et contrariées dans leurs aspirations, rencontrent aujourd’hui un immense succès. D’où vient l’engouement pour ce nouveau genre de polar, où le foyer apparaît comme un théâtre aussi terrifiant que sanguinaire ?
Quelques histoires vraies d’universitaires hétérosexuelles : une spécialiste de philosophie politique européenne fait une balade dans l’ouest des États-Unis avec un Italien au volant de son Alfa Romeo, puis divorce de son mari ; une romancière hésite entre réduction mammaire et adoption puis opte pour la seconde solution ; une poétesse s’installe en Europe pour suivre un avocat marié, puis s’en retourne dans son foyer retrouver sa famille.
Malgré leur côté cliché, ces scénarios ne sortent pas de l’actuelle vague de thrillers qui place la terreur au cœur de la sphère familiale. Ils sont issus de la vraie vie. Mais ils fournissent un arrière-plan sociologique à un genre naissant : le roman à l’eau de rose qui part en vrille. Des récits de démence à vous faire dresser les cheveux sur la tête, voilà le saut dans l’inconnu qu’offre aux femmes la vie dans un foyer hétérosexuel à notre époque. Comment avoir un cerveau – non, comment être cérébrale – tout en étant épouse et mère alors que l’ennui de la vie de famille, même si les tâches ...