Les dix livres qui ont compté en Chine en 2008

« La nation chinoise est emplie de mémoires qui, ayant fondu sans qu’on y prenne garde, sont devenues une page blanche. Les intellectuels d’origine chinoise dans le monde entier sont les aventuriers de ces “ruines mémorielles” qui, au milieu de ces tuiles brisées et de ces résidus, assemblent de nouveau et reconstituent l’histoire et les sentiments de la nation chinoise. » Ainsi s’ouvre la présentation par L’Hebdomadaire asiatique, publié à Hong Kong en chinois, des « dix meilleurs » essais parus en chinois en 2008. Cette moisson comprend la première histoire « non officielle » de la République populaire de Chine, un livre majeur (interdit sur le continent) sur la tragédie du « Grand Bond en avant », un essai original sur le Japon, deux autobiographies de Taïwanaises, un recueil sur la dépolitisation de la société chinoise… Selon le journaliste qui les présente, ces livres « illustrent la libération de la pensée de Chinois du monde entier : des grandes affaires d’état aux espaces secrets où basculent les destins individuels, tous sont en quête de vérité, brisent les zones interdites du pouvoir extérieur et du monde intérieur ».

60 ans de Chine populaire

C’est la première histoire « non officielle » de la République populaire de Chine. Cet ouvrage collectif en dix volumes, comptant plus de cinq millions de caractères, publié à Hong Kong, exploite de nouvelles sources historiques et livre des éléments jamais révélés auparavant. Il a été salué par l’historien américain Yu Ying-shih, professeur à Princeton, qui y voit une œuvre « du meilleur niveau mondial ». Le directeur de l’ouvrage, Jin Guantao, a demandé aux rédacteurs, tous de Chine continentale, de « reconstituer l’état d’esprit et les conceptions culturelles de l’époque considérée, ce que les sinologues d’outre-mer ne peuvent éprouver ni connaître ». Auteur du tome sur « Le mouvement antidroitier » [répression déclenchée après les « Cent Fleurs »], Shen Zhihua révèle que, dès 1956, le Parti communiste avait pris la décision de renoncer à la théorie de la lutte des classes et au « culte de la personnalité » et souhaitait placer la Chine sur la voie d’un développement pacifique, mais que ce consensus unanime au sein du parti fut suspendu, renversé et subverti [par Mao].
Jin ...

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