Les JO au féminin

Avec 45 % d’athlètes féminines, les Jeux olympiques de Rio ont été les moins masculins de l’ère moderne. Les sportives reviennent de loin. Au début du siècle, elles pouvaient concourir uniquement dans des disciplines « gracieuses », comme le tir à l’arc, rappelle David Goldblatt dans The Games. En effet, pour Pierre de Coubertin, le sport pratiqué par les dames était « la vue la plus inesthétique que l’œil humain puisse contempler ». C’est donc en 1928 seulement que les femmes sont autorisées à courir le 800 mètres. Mais la vue de leur fatigue extrême à l’arrivée choque tellement qu’elles sont jugées inaptes à courir plus de 200 mètres. Et elles le resteront jusqu’en… 1964. Dans les années 1950 encore, les concurrentes, même auréolées de gloire, comme Fanny-Blankers Koen quatre fois médaillée aux Jeux de Londres, reçoivent fréquemment injures et courriers haineux.

A vrai dire, en matière d’égalité des sexes, les promoteurs des Jeux modernes se sont comportés en dignes héritiers de leurs prédécesseurs antiques : les compétitions grecques étaient réservées aux hommes, dans le stade comme sur les gradins. A ceci près que les Grecques pouvaient semble-t-il rivaliser entre elles : au II^e siècle, dans sa Description de la Grèce, Pausanias évoque des Jeux dédiés à Héra, les Héraia, où des jeunes filles non mariées s’affrontaient à la course. Elles remportaient des couronnes d’olivier, des statues à leur nom et la viande des animaux sacrifiés à la déesse. Si les preuves de l’existence de ces Jeux sont très rares, Gerald Schaus et Stephen Wenn confirment, dans Onward to the Olympics, que les compétitions sportives féminines étaient courantes plus tard, quand la péninsule est passée sous domination romaine.