« Pourquoi souffrir ? » demande – en français – l’une des 1 800 inscriptions répertoriées sur les murs des cellules de l’ancien quartier général de la Gestapo, à Cologne. Des mots terribles, formés pour certains au charbon, à la craie, au crayon ou au rouge à lèvres, ou bien gravés au moyen de clous, de vis, et même parfois directement avec les ongles. Leurs auteurs, des prisonniers russes, allemands ou français, hommes ou femmes, souvent jeunes, étaient interrogés et torturés entre ces murs par la police politique du Reich. Comme le note Maximilian Probst dans le
Zeit, « c’est un petit miracle que ces mots et ces phrases griffonnés à la hâte, qui parfois forment de véritables journaux et qui constituent l’ensemble d’inscriptions murales le plus important de l’ère nazie, aient pu demeurer intacts ». Épargnés par les bombardements alliés qui réduisirent en cendres la plupart des bâtiments voisins, ils le furent aussi par la politique de rénovation menée par la municipalité de Cologne dans l’après-guerre.
Conçu comme un mausolée de papier, un luxueux ouvrage les rassemble désormais...