L’été où ma fille est devenue folle
Publié dans le magazine Books n° 3, mars 2009. Par Joyce Carol Oates.
Juillet 1996. Sally a 15 ans. Au détour d’un square, elle est frappée par la folie comme on est frappé par la foudre. Dans un livre bouleversant, son père raconte le début de leur vie avec la psychose.
Dans l’immense répertoire des « récits autobiographiques », les sujets de prédilection sont les maladies les plus horribles, tout particulièrement les maladies mentales, le décès d’êtres chers, les tentatives de suicide et les « expériences proches de la mort », le viol, les familles ou les couples en crise, les différentes formes de dépendance.
Dans le registre des témoignages de crises personnelles, ceux qui retracent des maladies mentales sont souvent d’un intérêt exceptionnel. La psychose maniaco-dépressive semble se prêter à des prodiges de métaphore, à la restitution des émotions avec une rare puissance dramatique. Ainsi dans la poésie d’Anne Sexton, Robert Lowel, John Berryman, Sylvia Plath et leurs illustres prédécesseurs tels que Gerard Manley Hopkins et Emily Dickinson. Comme Kay Redfield Jamison l’a suggéré dans son célèbre Touched with Fire. Manic-Depressive Illness and the Artistic Temperament (« Touchée par le feu. La maladie maniaco-dépressive et le tempérament artistique »), il semble bel et bien exister une corrélation entre « folie » et créativité : entre l’âme en incandescence dont parle Emily Dickinson ...