L’étoffe ambiguë des héros

Lauréat du Booker Prize, Richard Flanagan revient sur l’histoire des prisonniers de guerre australiens aux mains des Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale. Fils de l’un d’eux, l’écrivain s’interroge sur la mythologie nationale qui entoure ces héros.

J’ai lu « La route étroite vers le nord lointain », de Richard Flanagan, au cours de la semaine où j’ai vu « Le monde flottant », la pièce de théâtre de John Romeril sur les Australiens capturés par les Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale. Devenue un classique national depuis sa création en 1975, cette pièce suscite le malaise en nous rappelant l’attitude ambiguë de la génération de l’après-guerre envers les anciens combattants. C’étaient nos pères, ces membres de la Returned and Services League [organisation de soutien aux vétérans et militaires australiens], ils incarnaient le pouvoir patriarcal et s’opposaient à tout changement. Souvent intolérants, ils semblaient xénophobes, ignorants et étaient souvent ivres. Pourtant, ils avaient enduré des souffrances que nous ne pouvions même pas imaginer. Le héros de Romeril, Les Harding, est un personnage ridicule, mais le dramaturge l’a aussi doté d’une terrible expérience dans les camps où les prisonniers construisaient le chemin de fer Thaïlande-Birmanie (1) : il oblige ainsi le public à passer du rire au désarroi, quand cet ancien combattant qui semble si bien correspondre au sté...
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La Route étroite vers le nord lointain de Richard Flanagan, Actes Sud, 2016

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