Livre oublié – Mise en garde à l’Europe
Publié dans le magazine Books n° 51, février 2014.
« La puissance militaire et politique ne donne aucun avantage commercial à une nation ; il est impossible pour une nation de s’emparer ou de détruire la richesse d’une autre ; ni pour une nation de s’enrichir en en soumettant une autre. » Cet avertissement adressé aux Européens en 1910 a eu un énorme retentissement, mais bien sûr aucun effet. Publiée d’abord en anglais, La Grande Illusion fut traduite en vingt-cinq langues et se vendit à plus de deux millions d’exemplaires. Né en Angleterre en 1872, Norman Angell fut élève dans un lycée français et étudiant à l’université de Genève avant d’émigrer à l’âge de 17 ans aux États-Unis, où il devint journaliste. Revenu en Europe à la fin du siècle, il s’installa à Paris, où il suivit l’affaire Dreyfus. La première version de La Grande Illusion parut en 1909 sous un autre titre. De multiples éditions révisées devaient suivre, jusqu’à celles de 1933 et 1938, remaniées à la lueur de la montée du nazisme. Angell publia quarante et un livres au total et reçut le prix Nobel de la paix en 1933. Sa théorie a été baptisée par dérision le « norman angélisme ».