L’origine du monde, revue et décolonisée

Un romancier kényan propose une version alternative du mythe des origines du peuple kikuyu. Moins masculiniste, davantage centrée sur le collectif, celle-ci pose le principe d’une humanité commune. Ngugi wa Thiong’o appelle à la déconstruction des catégories de pensée occidentales qui, aujourd’hui encore, servent d’instruments de domination.

Dans The Perfect Nine, le romancier Ngugi wa Thiong’o s’inspire du mythe de la création chez les Kikuyus, un peuple kényan. Selon la légende, le premier homme, Kikuyu, rencontre Mogai (Dieu) au sommet du mont Kenya. Mogai lui ordonne de fonder un foyer sous les figuiers, au sud de la montagne. Kikuyu y trouve une femme qui l’attend et qu’il nomme Mumbi (Créatrice). Ils ont neuf filles (dix, dans certaines versions), mais aucun fils. Quand ses filles atteignent l’âge adulte, Kikuyu invoque Mogai, lequel lui demande de sacrifier un bélier sous un figuier. Le lendemain, neuf jeunes hommes font leur apparition. Avec l’assentiment de Kikuyu, ils épousent ses filles, fondant ainsi les différents clans des Kikuyus.

Le mythe des origines des Kikuyus n’est pas sans rappeler d’autres cosmogonies à travers le monde : un premier homme et, à ses côtés, une première femme ; la foi en une puissance supérieure et dans la fertilité de la terre ; la naissance d’enfants qui engendreront des tribus ou des peuples. ...

LE LIVRE
LE LIVRE

Les Neuf Femmes parfaites. L’épopée de Kikuyu et Mumbi de Ngugi wa’Thiong’o, The New Press, 2020

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