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Objectif lune


Dr Robert Goddard / NASA

La sonde japonaise Hayabusa 2 est arrivée mercredi, après trois ans de voyage, tout près de son astéroïde-cible. Il y a moins d’un siècle l’idée même d’envoyer un objet vers la Lune était encore risible. Le physicien américain Robert H. Goddard pionnier dans la conception de fusées et dont le nom a été donné à un cratère lunaire, en a fait les frais. En 1919, il expose dans une publication scientifique intitulée « A Method of Reaching Extreme Altitudes » (une méthode pour atteindre des altitudes extrêmes) ses plans pour la construction d’une fusée à carburant solide et en profite pour décrire un engin hypothétique qui pourrait atteindre la Lune.

Il n’est pas le premier à suggérer la possibilité de vols spatiaux. Les écrivains, au premier rang desquels Jules Verne, ont déjà traité le sujet avec succès. Mais cela restait de la fiction. Le scientifique russe Constantin Tsiolkovski l’évoque aussi dans un article publié en 1903, mais faute de traduction notamment celui-ci n’atteindra l’Occident qu’au milieu des années 1920. Goddard est en première ligne et hérite du surnom de « Moon professor ». La presse se moque de lui. En 1920, The New York Times affirme qu’il semble lui manquer « les connaissances du niveau de l’école secondaire ». Les journaux français ne sont pas en reste. Pour L’Intransigeant, « le professeur Goddard a déclaré la guerre à la Lune ».

Mais le New York Times note tout de même que la fusée à carburant solide de Goddard semble réalisable et prometteuse. Le journal se montrera ensuite bienveillant tout au long de sa carrière et en 1969 au moment de la mission Apollo 11 lui présentera même des excuses. Pour Chris Gainor, historien des technologies, c’est cette suggestion de voyage vers la Lune, qui est la vraie contribution de Goddard aux vols spatiaux. « La publicité faite à cette importante affirmation, explique-t-il dans To a Distant Day, son ouvrage sur les pionniers des fusées, a inspiré de nombreuses personnes en Amérique, en Europe et en Russie qui ont commencé à travailler sur leurs propres engins. »

A lire dans Books : L’espace, de l’héroïsme à la routine, mars-avril 2018.

LE LIVRE
LE LIVRE

To a Distant Day: The Rocket Pioneers de Chris Gainor, University of Nebraska Press, 2008

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Objectif Lune

Cinq ans après le gigantesque succès d’Abysses (Der Schwarm), qui s’est vendu à 3,8 millions d’exemplaires dans les pays germanophones, l’auteur de science-fiction Frank Schätzing, spécialiste du thriller « écologique », récidive. Avant même sa sortie en octobre dernier, Limit, son nouveau roman, avait été commandé à 350 000 exemplaires. Depuis, il caracole en tête des ventes, damant le pion au prix Nobel Herta Müller. Schätzing – un ancien publicitaire – est le seul auteur allemand « à jouer dans la même catégorie que Dan Brown », note Gerhard Matzig dans le Süddeutsche Zeitung. Sa particularité : il adore truffer ses romans d’un maximum d’informations scientifiques.

Après avoir exploré les fonds marins dans Abysses, c’est à la découverte de la Lune qu’il nous emmène avec Limit : grâce à l’extraction d’hélium 3 dans le sol lunaire, le milliardaire Julian Orley pense avoir résolu tous les problèmes énergétiques de l’humanité. Mais un complot s’ourdit et une Troisième Guerre mondiale se profile. « Voilà peut-être le trait le plus intéressant du livre, remarque Matzig. Ce n’est pas la rareté des réserves d’énergie, mais le fait que, soudain, elles ne le soient plus, qui mène la Terre au bord de la catastrophe. »

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