Publié dans le magazine Books n° 11, janvier-février 2010. Par Dorothee Gerkens.
Au XIXe siècle, les peintres anglais se passionnent pour ces charmants petits êtres ailés. À contre-courant de l’Europe continentale, où l’on préfère représenter la modernité. Pourquoi cette fibre féerique ?
Chaque nouvelle génération d’historiens de l’art se pose la question de savoir si elle veut continuer d’écrire ce qui a déjà été dit ou porter un regard neuf sur le passé et découvrir d’autres chemins, d’autres ruptures, d’autres temps forts. L’histoire de l’art est à bien des égards une forêt immense, parcourue d’innombrables sentiers, dont certains sont tant et tant arpentés qu’on en a oublié les autres.
Par chance, Dorothee Gerkens ne les a pas oubliés. Dans sa thèse de doctorat, qui vient d’être publiée, elle traite d’un sujet surprenant : les elfes dans la peinture anglaise du XIXe siècle. Au moment même où, en Europe continentale et surtout en France, l’avant-garde entamait sa marche triomphale, où les scènes urbaines, les paysages vibrants, les bars, les nus féminins et les gares dominaient la peinture, la représentation d’êtres frêles avec des ailes d’insectes devenait en Angleterre un genre très prisé. Gerkens s’interroge sur ce phénomène et en donne une explication étonnante.
Pour comprendre, il faut d’abord revenir sur ...