Quand les écrivains pédalent
Publié le 13 juillet 2018. Par La rédaction de Books.
J. Ayton Symington, illustrations pour "Les Roues de la fortune" d'H.G. Wells
Le peloton du Tour de France achève sa première semaine de course. Les courses cyclistes et l’engin lui-même ont dès leurs débuts fasciné nombre d’écrivains. C’est en suivant des compétitions en France qu’Ernest Hemingway apprend suffisamment de vocabulaire spécifique pour inclure une scène de ce type dans Le soleil se lève aussi. Et la légende veut que le Godot de Samuel Beckett ait été inspiré par le coureur professionnel Roger Godeau, dont l’écrivain attendait le passage durant Paris-Roubaix.
Mais les écrivains eux aussi enfourchent la petite reine : de Léon Tolstoï, qui monta pour la première fois sur un vélo à soixante ans passés, à Simone de Beauvoir, en passant par Alain Robbe-Grillet, Arthur Conan Doyle, Aldous Huxley, Vladimir Nabokov ou Chinua Achebe. « La bicyclette, la bicyclette assurément, sera toujours le véhicule des romanciers et des poètes », s’enthousiasme l’essayiste Christopher Morley dans Parnassus on Wheels (1917).
Le britannique H. G. Wells en était vraiment féru, comme le soulignent les professeurs de littérature Jeremy Withers et Daniel Shea dans Culture on Two Wheels : The Bicycle in Literature and Film. La petite reine tient une place de choix dans plusieurs de ses romans. Dans Les Roues de la Fortune (1896), il fait traverser le sud de l’Angleterre à vélo à son malheureux héros. Et c’est en selle, au cours d’une ballade dans le Surrey, explique-t-il dans son autobiographie, qu’il a déterminé le lieu d’atterrissage du premier cylindre martien de La Guerre des Mondes.
Tous ne sont pas aussi habiles que lui à vélo. George Bernard Shaw, Simone de Beauvoir et Mark Twain décrivent des chutes mémorables. L’humoriste américain conclut d’ailleurs un récit consacré au nouvel engin par ces mots : « Paie-toi une bicyclette. Tu ne le regretteras pas, si tu survis ». En Asie aussi la bicyclette fait ses débuts littéraires très tôt. En 1927 dans « Nécrologie » du diplomate pakistanais Patras Bokhari, un homme qui déteste les voitures au point de vouloir les dynamiter se ruine pour acheter un vélo d’occasion.