De l’art de remettre à plus tard

Pourquoi reporte-t-on si souvent ce qu’on sait pertinemment devoir faire le jour même ? Par paresse ? Par ignorance ? Pas seulement. La procrastination est une pulsion fondamentale, qui révèle les limites de la rationalité humaine. Et coûte de plus en plus cher aux sociétés modernes.

Il y a quelques années, l’économiste George Akerlof se trouva confronté à une tâche simple : envoyer aux États-Unis un colis de vêtements, depuis l’Inde où il vivait. Son ami et collègue Joseph Stiglitz, venu en visite, les avait laissés là ; Akerlof ne demandait donc qu’à les lui expédier (1). Mais il y avait un problème. Par l’effet combiné de la bureaucratie indienne et de ce que l’économiste appelait son « incompétence en la matière », il fallait s’attendre à des complications – Akerlof estimait que l’opération lui prendrait une journée entière. Il remit donc l’affaire à plus tard, semaine après semaine. Cela dura plus de huit mois, et ce n’est que peu de temps avant son propre retour aux États-Unis qu’Akerlof réussit à résoudre le problème, en mettant les vêtements de Stiglitz dans le colis qu’un autre ami expédiait aux États-Unis. Compte tenu des aléas des services postaux intercontinentaux, il est possible qu’Akerlof soit rentré avant les chemises de Stiglitz. Cette histoire a quelque chose de réconfortant : même les prix Nobel d’économie procrastinent ! La plupart ...
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Le voleur de temps. Essais philosophiques sur la procrastination de De l’art de remettre à plus tard, Oxford University Press

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