Rosa Bonheur au Panthéon

Ouvertement homosexuelle en plein second Empire, fascinée par les animaux, elle avait un extraordinaire talent de peintre naturaliste qui lui valut une gloire internationale 1. Réticente à l’égard du mouvement féministe, Rosa Bonheur considérait que les femmes devaient démontrer leurs compétences sans en faire un programme. 


Rosa Bonheur dans son atelier, par Georges Achille-Fould (1893). Ce portrait consacre la gloire de celle qui sera la première femme artiste à avoir été nommée chevalier de la Légion d’honneur, en 1865. © Mairie de Bordeaux, musée des Beaux-Arts, photo : L. Gauthier

Le XXe siècle n’a pas été tendre avec Rosa Bonheur. Dans sa période faste, elle était adulée par les millionnaires de « l’âge d’or » américain 2 et par le public des galeries des deux côtés de l’Atlantique. Pour l’Art Journal en 1879, c’était irréfutable : « Aucune femme au monde ne peint aussi admirablement que Rosa Bonheur. » Lors de la vente de son atelier, en 1900 – un an après sa mort –, les sommes déboursées, même pour des esquisses et des travaux préparatoires, atteignirent un niveau sans précédent : 1 180 880 francs. Pourtant, en quelques décennies, les prix vont s’effondrer, si bien qu’au milieu du siècle ses œuvres se vendent à environ un cinquantième de leur valeur d’origine. En France, elles sont rapidement éclipsées par celle de l’avant-garde, qui s’offusque du genre animalier dans lequel elle s’est spécialisée ; même dans sa ville bien-aimée de Fontainebleau, le taureau de bronze érigé à sa mémoire et fondu par ...

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Art Is a Tyrant: The Unconventional Life of Rosa Bonheur de Catherine Hewitt, Icon, 2020

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