Le travail c’est la santé…
Publié le 10 mai 2019. Par La rédaction de Books.
Depuis le lundi 6 mai, sept prévenus, dont d’anciens dirigeants de France Télécom, comparaissent devant le tribunal correctionnel de Paris pour répondre de harcèlement moral ou de complicité de ce délit. Trente-neuf salariés de l’entreprise ont été retenus en qualité de victimes dans ce dossier. Parmi eux, dix-neuf se sont suicidés entre 2007 et 2010.
Dans Dying for a Paycheck, Jeffrey Pfeffer, professeur de comportement des organisations à l’université Stanford, cite l’affaire France Télécom. Elle constitue, pour lui, l’un des nombreux exemples des conséquences dramatiques du stress au travail et de l’organisation néfaste des entreprises.
Avec deux collègues, il a collecté un vaste ensemble d’études épidémiologiques sur les effets du travail sur la santé. De cette grande métaanalyse, essentiellement américaine, ils ont tiré de conclusions chiffrées. Ils estiment ainsi que la dégradation des conditions de travail (horaires à rallonge, manque d’autonomie…) est à l’origine chaque année de 120 000 décès aux États-Unis et engendre un coût de 190 milliards de dollars pour le système de santé. Cela revient à faire du travail la cinquième cause de mortalité dans le pays, devant la maladie d’Alzheimer et les maladies rénales.
Les entreprises doivent changer de modèle, assure Pfeffer. Poussées par le législateur, aux États-Unis, elles ont su faire baisser drastiquement le nombre d’accidents du travail et elles commencent à gérer les conséquences environnementales de leurs activités. Elles doivent à présent cesser de reporter les effets nocifs de leur comportement sur la santé (pratiques managériales toxiques, plans de licenciement, nombre d’heures supplémentaires excessif, emplois incompatibles avec la vie de famille, culture du résultat délétère, chantage au chômage…) sur la société dans son ensemble. Et c’est tout dans leur intérêt puisqu’un environnement de travail sain est bénéfique pour les résultats des salariés et ceux de l’entreprise.
À lire aussi dans Books : Déconstruire « Tina » pour reconstruire le travail, novembre 2011.