L’art au service du Troisième Reich
Non seulement les nazis inaugurent leur règne en brûlant des livres, mais c’est un des leurs qui a écrit « Quand j’entends le mot culture, j’arme mon browning ». Pourtant les nazis ne vomissent pas la Kultur, au contraire : leurs grands hiérarques sont des intellectuels (comme Goebbels, romancier raté), ou des amateurs d’art (comme Goering), voire les deux à la fois, comme Hitler, peintre raté et lecteur invétéré. Mais ils ne perçoivent la culture que comme l’émanation et l’expression d’une communauté nationale, qu’elle contribue à renforcer. C’est pourquoi les contributions « décadentes – c’est-à-dire extérieures à la Nation – doivent être expurgées. C’est aussi pourquoi les nazis cherchent à créer une nouvelle communauté culturelle européenne, en promouvant les institutions culturelles « inter-nationales » (comme le Conseil Permanent pour la Coopération Internationale des Compositeurs, dirigé par Richard Strauss), ou en s’efforçant (avec succès) de faire venir à Berlin le gratin de la littérature européenne. Pourtant la forme la plus efficace de « soft power », c’est à leurs yeux le cinéma, et la production de la Reichsfilmkammer est censée faire pièce à la production d’Hollywood (où, selon eux, les juifs étaient seuls à la manoeuvre). Il n’y a guère qu’à la peinture moderne que les nazis laissent la bride sur le cou : c’est à Paris que celle-ci s’épanouit, et « l’art dégénéré convient bien aux Français ».
A lire dans Books : Des nazis sur le divan, mars 2013.
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