Le Yémen en otage
Publié le 1 août 2017. Par La rédaction de Books.
Voilà deux ans que le Yémen est plongé dans la guerre. Le conflit qui opposait dans un premier temps le Nord et le Sud du pays s’est progressivement transformé en guerre internationale.
Juste avant le début des combats, la littérature yéménite s’était épanouie de manière inattendue. En 2014, rapporte le Middle East Monitor, vingt romans ont été publiés, soit près de 10% de la littérature de fiction jamais écrite dans le pays.
L’analphabétisme étant très répandu, seuls 200 ouvrages littéraires y ont été publiés au total. « La fille de Qarot » écrit en 1927 par Ahmed Al-Sakkaf est considéré comme le premier roman yéménite. Mais en alliant couleur locale, histoire et fiction, Zaid Muti’ Dammajd (1943-2000) a gagné la réputation de l’écrivain classique. Son œuvre principale Le bel otage, publiée en 1984 et traduite en anglais et en français, est une critique de l’imamat, le régime théocratique en vigueur avant la révolution de 1962.
Le jeune fils d’un chef tribal est capturé et détenu à la cour de l’Imam afin d’assurer l’obéissance de son père. Cette pratique du kidnapping est alors largement répandue. Le garçon est bien traité, mais n’a plus aucun lien avec sa famille. Il est surtout aux premières loges pour assister aux intrigues politiques et constater l’autoritarisme du régime. Zaid Muti’ Dammajd se plaît à dépeindre avec ironie ce Yémen archaïque, mais sa description peut aussi éclairer l’histoire plus récente. Elle montre la complexité des lignes de fracture qui structurent et déstructurent le pays, et qui ne peuvent se résumer à une opposition entre chiites et sunnites.
A lire aussi: Dans la fabrique d’Al-Qaïda au Yémen, Books, avril 2013.