Les 59 heures de gloire de Genie Chance
Publié le 5 mai 2020. Par Amandine Meunier.
Le vendredi 27 mars 1964, un séisme d’une magnitude de 9,2 sur l’échelle de Richter dévaste la région d’Anchorage en Alaska. Il reste à ce jour le deuxième tremblement de terre le plus important enregistré dans le monde. Mais c’est le tsunami qu’il a provoqué détruisant les villages côtiers de la région qui sera le plus meurtrier, faisant une centaine de victimes.
Dans les ruines d’Anchorage retentit une voix féminine, celle de Genie Chance. Le journaliste Jon Mooallem raconte son histoire dans This is Chance !, « portrait inspirant d’une femme qui prend à bras le corps une situation de crise ; magnifique exploration de la manière dont les gens racontent des histoires à la radio, sur scène, dans les livres et généralement l’un à l’autre », note Sarah Fallon dans le magazine Wired.
Le fil de la radio
Genie Chance, reporter à mi-temps pour la radio locale KENI, est en voiture avec l’un de ses fils quand la route se met à trembler. La secousse passée, elle s’assure que sa famille est en sécurité puis repart aider, à sa manière. Le courant est coupé, mais très vite KENI émet de nouveau grâce à un générateur, et Chance prend l’antenne. Elle décrit la situation sans dramatiser et diffuse des messages de prévention, des conseils pratiques et des appels au civisme. Elle explique aussi où se mettre à l’abri, comment fabriquer de l’eau potable avec de la neige, invite la population à ne pas dévaliser les rayons de produits de première nécessité dans les épiceries… Très vite, elle diffuse également les messages des particuliers qui viennent la voir : avis de recherche ou preuve de vie à destination de leurs proches. Multipliant les allers-retours entre ses proches et son bureau, elle garde l’antenne pendant 59 heures. « J’avais une responsabilité : rassurer les gens, leur dire que le monde n’était pas arrivé à sa fin », a-t-elle dit plus tard.
La solidarité des gens ordinaires
Genie Chance n’était pas seule. Moallem d’ailleurs « redonne vie à une demi-douzaine de gens ordinaires qui ont agit de manière extraordinaire », souligne Timothy Egan dans The New York Times. Quelques jours après le séisme, quand les journalistes et politiciens du reste du pays débarquent à Anchorage, ils constatent que les habitants ont les choses en main. « Une sorte d’infrastructure humaine s’était élevée là où le bâti avait cédé », écrit Mooallem.
À lire aussi dans Books : Solidarité naturelle ?, septembre 2012.