Pourquoi Gui Minhai est-il toujours en prison ?
Publié dans le magazine Books n° 122, novembre-décembre. Par Stefan Willeke.
Il y a sept ans, des agents chinois ont enlevé l’éditeur suédois Gui Minhai. Depuis, sa fille remue ciel et terre pour obtenir sa libération. C’est compter sans les intimidations de Pékin et la pusillanimité de Stockholm.

Par une agréable journée du printemps dernier, une étudiante de 28 ans attend à un carrefour de Cambridge pour raconter, au cours d’une promenade, une histoire qui semble si fantomatique qu’on a de prime abord du mal à y croire. Pourtant, cette histoire est vraie, elle peut être attestée par des documents et des témoignages. C’est l’histoire de son père. Elle se déroule en Angleterre, en Suède, en Thaïlande, en Chine, à Hongkong, en Allemagne, dans de nombreux endroits du monde, et parle d’un éditeur de livres, un homme subtil qui écrit des poèmes. Cet homme s’appelle Gui Minhai, il a 58 ans. Il est, certes, né en Chine, mais il est suédois depuis trente ans, comme le prouve son passeport. Sa fille l’a vu en personne pour la dernière fois en décembre 2014. Ce père a été enlevé par des agents secrets, emmené en Chine, probablement torturé.
Si vous demandez à sa fille s’il est encore vivant, elle vous regarde longuement sans rien dire, déglutit...