Publié dans le magazine Books n° 6, juin 2009. Par Qiao Zongyu.
Idole de la jeunesse chinoise, Han Han est un écrivain doué et insolent. Dans son dernier roman, s’inspirant de la littérature japonaise mais aussi latino-américaine, il imagine un bourg où les effluents d’une usine entraînent l’apparition de souris et grenouilles géantes. Derrière les intrigues amoureuses de trois jeunes gens, le sujet réel du livre est la démission morale des habitants face aux transformations imposées par la croissance économique.
Figure de pionnier dans la génération d’écrivains nés après 1980, Han Han a reçu un accueil enthousiaste auprès des jeunes. Qu’il livre une satire engagée de l’actualité, sorte un disque ou s’amuse avec une voiture de course, il incarne l’attitude « cool » de cette génération. Quelles que fussent mes impressions antérieures à son égard, « Son pays », le premier roman que je lis de lui, m’a permis de découvrir en quoi il éclaire notre époque.
Zuo Xiaolong, le personnage masculin principal, ressemble à
L’Étranger de Camus. Il observe en silence comment le bourg de Tinglin où il habite est, de jour en jour, rongé, ravagé par la civilisation moderne, comment la nature humaine y disparaît peu à peu. Mais, à la différence de
L’Étranger, il essaie de transformer cette situation et, bien que ce soit vain, poursuit sans relâche ses efforts, habité par l’espoir.
D’ordinaire gardien dans un jardin de sculptures laissé à l’abandon, Xiaolong est également contrôleur dans une usine de thermomètres. Il aime par-dessus tout conduire sa moto et partir explorer les alentours. Xiao Niba (« ...