Le grand roman de la crise espagnole
Publié dans le magazine Books n° 44, juin 2013.
C’est un écrivain engagé qui, à 64 ans, reprend la plume pour dénoncer les errements d’un pays malade de sa cupidité. Le dernier opus de Rafael Chirbes offre un récit magistral de la chute de la maison Espagne.
« Une terre jonchée de décombres ». Voilà à quoi ressemble aujourd’hui l’Espagne selon l’écrivain Rafael Chirbes. Que l’on traverse le pays en voiture ou en train, « quand on regarde par la fenêtre, partout, on voit des sanitaires brisés, des tuyaux, des tas de briques », confie le romancier dans un entretien à El País. Ces décombres qui le révoltent, ruines, débris et gravats, hantent les pages de son nouveau récit, En la orilla.
L’ouvrage, qui a séduit à la fois la critique et le lectorat, relate « la fermeture d’une menuiserie, ruinée par la cupidité de son patron et la crise du bâtiment, jetant à la rue cinq employés dont les enfants se retrouvent quotidiennement confrontés à quatre problèmes : petit déjeuner, déjeuner, goûter et dîner », résume le critique Javier Rodríguez Marcos dans les colonnes du quotidien madrilène. Les voix de ces êtres « qui se cramponnent aux 400 euros de l’allocation chômage, à l’assistance publique et à une rage grandissante – “vous avez tout, moi j’ai un fusil” – alternent avec celle de leur ancien employeur, Esteban, obligé, à 70 ...
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