Bolaño, immortel malgré lui
Publié dans le magazine Books n° 23, juin 2011.
« Quand j’entends un écrivain parler de l’immortalité des œuvres littéraires, j’ai envie de le gifler », déclara un jour Roberto Bolaño. Ironie de l’histoire : les livres posthumes de l’auteur chilien qui ne croyait pas en la postérité ne cessent de paraître.
« Quand j’entends un écrivain parler de l’immortalité des œuvres littéraires, j’ai envie de le gifler », déclara un jour Roberto Bolaño. Ironie de l’histoire : les livres posthumes de l’auteur chilien qui ne croyait pas en la postérité ne cessent de paraître. Un nouvel inédit a été publié en Espagne en début d’année, plus de sept ans après sa mort. Bolaño avait commencé d’écrire ce roman policier dans les années 1980, avant de le délaisser à mesure qu’il s’immergeait dans son chef-d’œuvre inachevé, 2666 (1).
Los Sinsabores del verdadero policía, auquel il revint par intermittences jusqu’à sa mort, trace « des lignes narratives qui conduiront à 2666, tandis que d’autres resteront en suspens, jamais reprises ensuite par leur auteur », rapporte l’éditeur Ignacio Etchevarria dans le quotidien argentin Pagina 12. On y trouve aussi le jeu des voix multiples, technique favorite de Bolaño, et l’esquisse de deux personnages-clés de 2666 : l’écrivain von Archimboldi et l’universitaire Amalfitano. Pour Etchevarria, Los Sinsabores est plus qu’un document sur les origines de 2666 : « Il témoigne des sommets vertigineux où écrivait Bolaño à la fin de sa vie. »
(1) 2666, Christian Bourgois, 2007 (rééd. Gallimard coll. "Folio", 2011).