Paris, village planétaire
Publié dans le magazine Books n° 22, mai 2011.
La grande Exposition universelle de 1889 a marqué l’avènement de la mondialisation.
Pour le Suisse Beat Wyss, l’Exposition universelle de 1889, la quatrième, marque une étape décisive dans l’histoire de la mondialisation. Les trois premières avaient été conçues comme des foires pour les producteurs et les commerçants. Mais « elles se transformèrent vite en gigantesques spectacles sur la scène desquels des artisans et des artistes de tous les coins du monde venaient présenter leur culture », note Peter Geimer dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung.
L’exposition de 1889 est l’acmé de ce processus : elle battit tous les records : 32 millions de visiteurs, 62 000 exposants venus de 54 pays. « Elle marque le début du tourisme de masse. Elle est aussi la première exposition universelle à attirer à ce point l’attention des médias du monde entier. » Pour la première fois, on voit apparaître, au pied de la tour Eiffel, un véritable « village planétaire ». Les échoppes proposant de la nourriture des quatre coins du monde rencontrèrent un immense succès et jouèrent un rôle crucial dans cette acclimatation. Selon Wyss, « manger exotique était une façon de cannibaliser la culture de l’autre. À travers l’acte de manger, la distance avec ces mondes lointains est abolie ». Il « montre à quel point cette entreprise fut une tentative de faire du monde un lieu homogène d’expérience, lisible pour le public de masse », explique Peter Geimer.
Wyss, qui est historien de l’art, présente une centaine d’illustrations tirées du journal hebdomadaire de l’exposition. Ces images « nous semblent aujourd’hui bien plus exotiques que les danseuses sacrées de Java ! », écrit Peter Geimer.