Quand les États-Unis célèbrent le « Mozart de la comédie »

Molière entre dans la Pléiade américaine. Un honneur qu’il doit autant à ses propres mérites qu’à ceux de son traducteur, le poète Richard Wilbur.


Mamie Gummer et Jenn Gambatese dans la pièce The School for Lies (Le Misanthrope), jouée au Classic Stage Company, à New York (avril 2011). © Sara Krulwich / The New York Times-REDUX-RÉA

Mais comment diable Molière, ce parangon du classicisme, peut-il trouver grâce en dehors de l’Hexagone ? Ses pièces les plus fameuses ne sont-elles pas engoncées dans un alexandrin dont la rigidité nous vaut depuis des siècles les railleries du monde entier (et, en particulier, des Anglo-Saxons) ? Cela fait longtemps, semble-t-il, que la cause est entendue : au XVIIe siècle, les Français ont eu le rêve un peu fou de créer, à force d’épure, une langue plus universelle qu’aucune autre, qui s’exprimerait dans des tragédies ou des comédies parfaites – cinq actes dans l’idéal, respectant toutes les unités imaginables (lieu, temps, action…). Las, soit que le projet ait été condamné d’avance, soit, plus vraisemblablement, déclin culturel, la postérité a, jusqu’à nouvel ordre, préféré le langage foisonnant et les pièces plus informes de Shakespeare, où prose et vers alternent sans complexe, où sublime et vulgaire se mêlent bizarrement et où la seule règle semble être de susciter des émotions fortes.

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Molière: The Complete Richard Wilbur Translations de Jean-Baptiste Molière, Library of America, 2022

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