Un Tartuffe révolutionnaire
Publié dans le magazine Books n° 16, octobre 2010.
Le Tartuffe de Molière s’achève par un deus ex machina : au moment où tout paraît perdu, où l’imposteur triomphe, la police du roi vient l’arrêter. L’issue posa problème aux révolutionnaires, d’autant que Molière représentait pour eux l’un des premiers vecteurs littéraires de la contestation de l’ordre ancien. La solution était simple, encore fallait-il l’inventer : remplacer l’émissaire du roi par celui d’un tribunal révolutionnaire. Tartuffe fut ainsi représenté de 1793 à 1798.
Pendant ce temps se jouait une autre histoire, très embrouillée, dont une historienne du Kansas, Mechele Leon, tente tant bien que mal de dénouer les fils. À la mort de Molière, lequel sentait un peu le soufre, il avait fallu l’intervention de Louis XIV pour qu’il fût enterré en terre d’Église, dans le cimetière attenant à Saint-Eustache, à Paris. Au cours du siècle suivant, le bruit courut qu’en réalité on avait enterré Molière dans un cimetière réservé aux enfants mort-nés et aux excommuniés. Après 1790,...