Faut-il avoir peur de Tariq Ramadan ?
Publié dans le magazine Books n° 16, octobre 2010.
La thématique du choc des civilisations travaille toujours l’intelligentsia anglo-saxonne. Le débat fait rage sur le récent livre de l’un des partisans de la confrontation.
L’islamisme est-il le nouvel ennemi global des démocraties ? La question tenaille l’Amérique depuis la chute de l’Empire soviétique, et domine la scène depuis le 11-Septembre. Alors que les déboires irakien et afghan conduisent aujourd’hui le pays à s’interroger sur les périls de cette tentation conflictuelle, le nouveau livre de Paul Berman arrive à point nommé. Cet intellectuel de gauche, connu pour avoir soutenu la guerre d’Irak, cultive ici sa veine combattante en s’en prenant aux intellectuels. Et provoque un débat animé.
« Berman réaffirme sa vision d’un monde fondamentalement coupé en deux, estime le philosophe John Gray dans The National. Cette division s’incarnant dans les deux figures de Tariq Ramadan, l’universitaire musulman suisse, et Ayaan Hirsi Ali, l’écrivain et militante féministe d’origine somalienne. Ces deux personnalités sont emblématiques, à ses yeux, d’un conflit radical qui ne laisse nulle place à l’ambiguïté ni au doute – une lutte entre le “mauvais” islamisme et le “bon” héritage des Lumières. » Sous son masque de réformateur éclairé, Tariq Ramadan est pour Berman ...