Marie-Thérèse d’Autriche, un destin hors-normes
Il y a trois cents ans, en 1717, naissait l’une des femmes les plus puissantes de l’histoire européenne : Marie-Thérèse d’Autriche. L’impératrice fait l’objet d’une nouvelle biographie monumentale, qui, malgré ses 1000 pages, est devenue un bestseller outre-Rhin. Il faut dire que le personnage a de quoi fasciner : Marie-Thérèse fut désignée par son père, l’empereur Charles VI, pour lui succéder (il n’avait pas d’héritier mâle). Mais dès qu’elle accéda au trône, ses droits furent contestés par les autres puissances européennes et notamment par la Prusse de Frédéric II qui (avec l’aide de la France) lui enleva la Silésie. Marie-Thérèse ne s’en maintint pas moins de quarante ans au pouvoir, elle mit au monde cinq garçons et onze filles (dont Marie-Antoinette) et, à sa mort, laissa un Etat solide.
Despote maternel (enceinte en permanence jusqu’à l’âge de quarante ans), épouse conciliante (son mari François de Lorraine était une nullité, frustré du rôle de fantoche auquel elle l’avait réduit, et la trompait sans cesse), elle passe pour avoir été d’une grande beauté avant de prendre beaucoup de poids avec l’âge (au point de devoir être portée ou traînée pour se déplacer). Elle aurait aussi été très proche de son peuple. La biographie de Stollberg-Rilinger montre à quel point une bonne partie de cette image relève du mythe. Le déclin physique, en particulier, est un topos qu’on retrouve dans l’histoire de la plupart des grands souverains européens. D’une façon générale, ce livre « n’entend pas établir qui était vraiment Marie-Thérèse, il n’est pas question de s’identifier avec elle, mais de rendre compte de la spécificité de son temps », note Ulinka Rublack dans Die Zeit.