Trop de démocratie ou trop peu ?
Publié le 19 mars 2020. Par Amandine Meunier.
La confiance dans la démocratie est à son plus bas niveau, selon les chercheurs du Centre d’étude sur l’avenir de la démocratie de l’université de Cambridge. Dans leur rapport publié en janvier, ils remarquent que cette insatisfaction, qui ne cesse d’augmenter depuis un quart de siècle, est particulièrement forte dans les pays occidentaux, où jusqu’à 58% des sondés se montrent déçus de leur système de gouvernance. Quatre pays font néanmoins exception : la Suisse, le Danemark, la Norvège et les Pays-Bas. Y a-t-il des leçons à en tirer ?
10% de démocratie en moins
Pour une démocratie plus forte, il faudrait moins de démocratie : 10 % de moins mais pas plus, estime l’économiste américain Garett Jones dans son livre éponyme. Affilié au Mercatus Center de l’université George Mason de Virginie, un think-tank ultra-libéral financé par la fondation Koch, Garett Jones reconnaît que la démocratie a du bon : elle tend à mieux protéger la vie des citoyens et à leur assurer une certaine prospérité. Mais « en tant qu’économiste, il aborde la démocratie comme un système de production, et il examine les possibilités de peaufiner ce système pour améliorer son produit, c’est-à-dire la gouvernance », décrit The Economist.
Pour optimiser la démocratie, il faut, selon Jones, ajuster le degré d’implication des citoyens dans les décisions. Il propose ainsi d’allonger la durée des mandats des élus, notamment aux Etats-Unis où il est de deux ans. « Les hommes politiques agissent différemment quand des élections se profilent à l’horizon », écrit-il.
La tentation de l’épistocratie
Jones est clairement séduit par l’idée d’ « épistocratie », le gouvernement des sachants, note The Economist. « Il promeut l’idée de donner un rôle officiel dans la gouvernance aux porteurs de bons du Trésor, ceux-là même qui aujourd’hui limitent la liberté des gouvernements en augmentant le coût des prêts accordés aux pays les plus fragiles. » Il propose aussi, comme dans son précédent livre Hive Mind, de donner plus de poids au vote des citoyens les mieux éduqués.
C’est là le principal défaut du livre de Jones, selon The Economist : il tend à oublier que la démocratie ne se limite pas à l’économie.
À lire aussi dans Books : La démocratie malade de ses électeurs, avril 2012.