Actualité reconstituée
Publié le 10 novembre 2018. Par La rédaction de Books.
All Quiet On The Western Front, 1930
Les scènes de combat qui parsèment les documentaires sur la Première Guerre mondiale sont presque toujours reconstituées. La plupart d’entre elles sont même tirées de films de fiction comme À l’Ouest, rien de nouveau, de Lewis Milestone (1930) ou Les Croix de bois, de Raymond Bernard (1932).
Non qu’il n’existe pas de séquences filmées de la guerre, souligne l’historien Jérôme Bimbenet dans son ouvrage Film et Histoire. Mais celles-ci souffrent de plusieurs défauts. En premier lieu, elles sont muettes. À l’époque, la prise de vues ne s’accompagne pas de prise de son. Ces films ne restituent donc pas « l’univers sonore de la bataille, qui était sans doute un des éléments les plus frappants de l’expérience combattante propre à la Grande Guerre. »
Mais surtout, elles montrent peu les champs de bataille et les morts de masse. Si, dès 1914, des opérateurs sont dépêchés sur le front, ils n’ont l’autorisation de se rendre au plus près des combats que deux ans plus tard. Le 29 juin 1916, est filmé pour la première fois le départ d’une vague d’assaut française. Des images rares et un véritable exploit car l’opérateur, forcément debout derrière sa caméra, constituait une cible parfaite.
Les images d’époque où l’on voit par exemple de soldats ramper sur une terre hérissée de barbelés sont ainsi souvent des reconstitutions, tournées avec des Poilus en exercice. Pour contourner le danger et la censure, il était dans la tradition du cinéma d’actualité de recourir à des séquences de faux combats. Dès 1917, des professionnels du cinéma défendent d’ailleurs l’idée que des fictions vraisemblables rendraient mieux l’atmosphère du combat que les vues d’actualité. Leur but n’était pas de documenter la guerre, mais d’y participer en garantissant la « vérité française » contre la « barbarie » et le « mensonge » allemands.
À lire aussi dans Books : Le bon génie de la guerre, septembre 2014.