Alois Nebel ou les fantômes de l’histoire tchèque

En cet hiver 1989, les locomotives à vapeur ne s’arrêtent plus depuis longtemps le long des quais de Bilý Potok, à la frontière germano-tchèque. Mais leur souvenir vieux d’un demi-siècle hante plus que jamais Aloïs Nebel, le chef de gare traumatisé par la guerre.

Née du désir du romancier tchèque Jaroslav Rudiš de raconter l’histoire de son grand-père cheminot, la bande dessinée Alois Nebel, parue à Prague en 2011, connut alors un énorme succès, tant critique que public. Brillamment adaptée au cinéma et sortie dans les salles françaises en mars dernier, cette trilogie « ferroviaire » mise en scène à travers les dessins en noir et blanc de Jaromír 99, aux contours anguleux et aux contrastes prononcés, fait le récit de la vie d’un chef de gare rondouillard des montagnes de Silésie. Moustachu et binoclard, Aloïs Nebel, en poste à Bilý Potok, n’aime rien tant que rester assis à son bureau à admirer les fiches horaires. « Un homme ordinaire au destin extraordinaire », résume le site Komiks.cz, en référence aux hallucinations dont est victime Nebel, où se mêlent des drogués, un meurtrier, l’Armée rouge et des trains pour Auschwitz. Aloïs Nebel est né et a vécu dans les Sudètes, cette partie du nord de la Tchécoslovaquie annexée par le IIIe Reich en 1939. Après la défaite des nazis ...
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