Baptême au musée
Publié le 15 juin 2018. Par La rédaction de Books.
Une petite tortue vivant à l’ouest du Mexique a été identifiée comme une espèce nouvelle. L’histoire de la Kinosternon vogti est révélée ce mois-ci dans la revue scientifique Chelonian Conservation and Biology. Elle fait désormais partie des quelques 20% d’espèces qui ont reçu un nom. Chaque année les biologistes baptisent environ 18 000 spécimens supplémentaires. Et ils n’ont pas forcément besoin d’écumer les forêts amazoniennes pour cela. Plusieurs milliers sont identifiés dans les muséums d’histoire naturelle. L’olinguito, cousin du raton-laveur, a ainsi été découvert dans la collection de mammifères du Field Museum de Chicago, et l’Ohbayashinema aspeira, un vers parasite, était caché dans le muséum d’histoire naturelle de Washington.
Dans The Lost Species, le biologiste moléculaire Christopher Kemp décrit le travail des spécialistes chargés de reconnaître de nouvelles espèces parmi les spécimens non catalogués et parfois mal identifiés présents pour certains depuis plusieurs siècles dans ces collections. Max Barclay, spécialiste des coléoptères, a ainsi en charge les 10 millions de scarabées détenus par le muséum d’histoire naturelle de Londres, dont 60% appartiennent à des espèces inconnues. Étant donné qu’un coléoptère peut appartenir à 180 familles possibles et que chaque famille peut inclure entre 20 000 et 30 000 possibilités, cette collection est essentielle pour déclarer qu’un animal appartient ou non à une nouvelle espèce. Cent nouvelles espèces y sont identifiées et baptisées chaque année. La confection pour chacune d’un petit nom n’est pas un travail accessoire, soutient Kemp. Car on ne peut pas, selon lui, parler de la biologie d’une espèce ou de son rôle dans l’écosystème, si elle n’a pas de nom.
A lire dans Books : L’arpenteur de la planète, mars/avril 2018.