Biodiversité : les oiseaux de mauvais augure

Les défenseurs de la nature ont longtemps privilégié la protection des écosystèmes contre des humains forcément destructeurs. Mais cette approche a prouvé son inanité. Aucun milieu naturel n’est totalement vierge ; la biodiversité est un processus et non un ensemble figé d’espèces.


© Philippe Bourseiller / Hemis.fr

Au nom de la protection de la nature, des millions de membres des peuples des forêts ont été chassés de leurs terres ces dernières décennies. Ici, des femmes bakas au Congo.

La nature va mal : les humains piétinent son domaine, l’empoisonnent et l’abattent – et ils perturbent le climat. Mais jusqu’à quel point ? Et que faire pour ­aider la « nature » à riposter ? Devons-nous couper les liens avec elle ou bien trouver le moyen de nous y intégrer plus harmonieusement ?

Les écologues Gerardo Ceballos et Paul et Anne Ehrlich en sont convaincus : la nature est en état de siège et doit être protégée de nous. C’est la guerre. « L’humanité a déclenché une attaque massive et toujours plus intense contre tous les êtres vivants de la planète », assurent-ils dès les premières lignes de leur livre The Annihilation of Nature. Nous sommes ­entrés dans la « sixième grande extinction » – la pire crise écologique depuis l’impact d’astéroïde qui tua les dinosaures et bien d’autres espèces il y a 65 millions d’années. C’est une tragédie qui « peut aussi être le signe avant-coureur de la fin de notre civilisation planétaire ».