Cette mort qu’on hallucine

Vous avancez sans effort, comme en lévitation, dans un tunnel obscur. Au bout, une lumière éclatante. À mesure que vous vous en approchez, une joie immense vous envahit. Les événements de votre vie défilent sous vos yeux à toute vitesse, et vous glissez vers la lumière, dans une atmosphère de bonheur serein… Serait-ce le paradis ? Même des neurologues de haut vol pensent, après avoir fait une telle « expérience de mort imminente », à une intervention divine. Mais la science est plus têtue que nos hallucinations.

La littérature médicale abonde en récits détaillés de crises épileptiques doublées d’intenses hallucinations religieuses, capables de chambouler la vie des patients. C’est notamment le cas des crises dites « extatiques » que peut provoquer l’épilepsie du lobe temporal. Parfois mêlées d’un sentiment de béatitude et de crainte respectueuse, les hallucinations qu’elles génèrent sont d’une puissance inouïe. Même de courte durée, elles peuvent conduire le patient à bouleverser son existence, phénomène baptisé « métanoïa ». Fiodor Dostoïevski, sujet à ce type de crises, en a décrit un grand nombre, dont celle-ci : « L’air s’emplit d’un grand bruit et j’essayai de remuer. J’avais l’impression que le ciel descendait sur terre et m’engouffrait. J’ai réellement touché Dieu. Il pénétra au fond de moi : “Oui, Dieu existe”, m’écriai-je, et je ne me rappelle rien d’autre. Vous tous, les gens en bonne santé […] vous n’imaginez pas le bonheur que nous autres, les épileptiques, éprouvons à la seconde qui précède la crise […]. J’ignore si cette félicité se compte en secondes, ...
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La porte spirituelle de l’esprit de Cette mort qu’on hallucine, Plume

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