La chasse aux titres
Entre 1870 et 1914, la chasse aux titres a battu son plein. Les aristocrates européens désargentés étaient la proie ; les riches héritières américaines les pisteurs. Pendant cette courte période, explique l’essayiste britannique Anne de Courcy dans The Husband Hunters, 454 jeunes Américaines ont mis la main sur de nobles européens, parmi lesquels pas moins de six comtes.
Ce retour sur le Vieux continent se voulait gagnant-gagnant. Les nouvelles fortunes américaines cherchaient un moyen d’être introduites dans la meilleure société de New York. Et quoi de mieux qu’une fille affublée d’un titre de noblesse pour vous ouvrir toutes les portes. Les aristocrates eux avaient besoin d’importantes dots pour effacer leurs dettes monumentales. Et face à l’attitude soumise dans laquelle étaient maintenues les Européennes de bonne famille, comment résister à la vitalité, la fraîcheur et la bonne éducation des Américaines.
Mais titres et argents ne font pas le bonheur, et peu de ces mariages tournèrent au conte de fée. De ces alliances naquirent des grands noms du XXe siècle, dont un certain Winston Churchill, et bien plus assure Libby Purves dans le Times Literay Supplement. « Notre culture leur est redevable, écrit-elle. L’argent américain a sauvé bien des domaines anglais ; les œuvres d’art ont afflué. Les mondaines pour vaincre l’ennui fondèrent des écoles et des orphelinats. Leur exemple inspira les femmes britanniques et les précipita vers les urnes et l’indépendance. »