Pourquoi la Chine veut rééduquer ses musulmans

Au Xinjiang, au moins 1 million d’Ouïgours et de membres d’autres minorités turcophones sont détenus dans des camps de rééducation. Il s’agit, selon Pékin, de centres de formation destinés à éradiquer le virus djihadiste. Mais ils cachent une volonté de sinisation de la région.


Détenus dans un camp de rééducation près de la ville de Hotan. Cette photo a été publiée par le Bureau de la justice du Xinjiang sur la messagerie WeChat en avril 2017.
Lors de sa comparution en juillet 2018 devant un tribunal de Jarkent, au Kazakhstan, Saïragoul Saouïtbaï a décrit calmement ce que les autorités chinoises continuent de nier : un vaste nouveau goulag de « centres de déradicalisation » a été créé pour les musulmans turcophones du Xinjiang, dans l’ouest de la Chine. Mme Saouïtbaï, une Chinoise d’ethnie kazakhe, a fui le Xinjiang et demandait l’asile au Kazakhstan, dont son mari et son fils possèdent la nationalité. Cette ancienne directrice de maternelle a raconté à l’audience qu’elle avait été mutée en novembre 2017 et affectée à un poste de professeure pour les détenus kazakhs d’un prétendu « centre de formation ». « Ils appellent ça un “camp politique” […]. En réalité, c’est une prison dans les montagnes », a-t-elle déclaré, affirmant que le centre dans lequel elle a travaillé quatre mois abritait 2 500 détenus, et qu’il y en a d’autres. Le Xinjiang pourrait compter actuellement environ 1 200 camps de ce genre, dans lesquels sont internés jusqu’à 1 million de personnes : Kazakhs, Kirghizes et surtout Ouïgours, qui constituent environ 46 % de la population du Xinjiang.  
LE LIVRE
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The Sacred Routes of Uyghur History de Rian Thum, Harvard University Press, 2014

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