La CIA, les yeux grands fermés

L’histoire du plus puissant service secret du monde est faite d’une invraisemblable suite de loupés. Au point que les compétences de l’agence de renseignement américaine semblent inversement proportionnelles à sa réputation.


© Bettmann / Getty

En novembre 1979, des étudiants iraniens prennent en otage une cinquantaine de personnes à l’ambassade des États-Unis à Téhéran. Ils accusent la CIA de vouloir assassiner l’ayatollah Khomeyni.

Les ennemis et les rivaux des États-Unis surestiment depuis longtemps la Central Intelligence Agency (CIA). Lorsque le secrétaire d’État Henry Kissinger se rend en Chine en 1971, le Premier ­ministre, Zhou Enlai, s’enquiert des opérations subversives de la CIA. Kissinger lui répond qu’il « surestime grandement les capacités de l’agence ». Zhou insiste : « Quoi qu’il arrive dans le monde, on pense toujours à eux. » « C’est vrai. Et ça les flatte. Mais ils ne le méritent pas », rétorque Kissinger. Quelques années plus tard, en 1979, les révolutionnaires iraniens prennent d’assaut l’ambassade américaine à Téhéran. Ils capturent un officier de la CIA ­nommé William Daugherty, qu’ils accusent de diriger l’ensemble du réseau de l’agence au Moyen-Orient et de vouloir assassiner l’ayatollah Khomeyni. Daugherty, qui est entré à la CIA neuf mois plus tôt, essaie de leur expliquer qu’il ne parle même pas persan. Les Iraniens semblent offusqués à l’idée que les Américains aient envoyé quelqu’un d’aussi inexpérimenté. La CIA n’a jamais vraiment eu beaucoup de chance avec ses opérations dans la Chine communiste et ...
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Legacy of Ashes: The History of the CIA de Tim Weiner, Allen Lane, 2007

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