L’irrésistible attrait du secret

Pour convaincre l’opinion publique ou un ministre, rien de tel qu’un document confidentiel des services de renseignement.

Ma première année au Foreign Office, à une époque où le courrier électronique n’existait pas, fut un déluge de feuilles de papier : des notes sur papier fin blanc provenant d’autres ministères et propulsés à travers Whitehall par un réseau pneumatique datant l’époque victorienne ; des lettres de députés exigeant des réponses sur papier gravé ; des documents sur papier rigide bleu pâle annotés d’une écriture illisible par un ministre accep­tant ou rejetant tel discours, telle réunion ou manœuvre diplomatique que nous venions de lui recommander. Mais le plus spectaculaire, c’étaient les papiers qui arrivaient dans des chemises de couleur sur lesquelles était inscrit « Secret ». Ceux-là avaient droit à un cérémonial particulier : ils étaient transmis de la main à la main, jamais laissés sans surveillance et lus avec le plus grand soin. Il s’agissait de notes des services de renseignement, et c’est par eux que je découvris l’aura qui entoure tout ce qui touche à l’espionnage. Cette aura tient en partie au fait que que nous adorons mettre au jour des secrets. Depuis le philosophe grec Pyth­agore, qui n’autorisait ...
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Why Spy? The Art of Intelligence de Brian Stewart et Samantha Newbery, Hurst, 2015

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