Des Croisés aux conquistadors
Publié dans le magazine Books n° 44, juin 2013.
Présentées habituellement comme un échec, les croisades peuvent aussi être vues comme un beau succès de laboratoire. Le pape français Urbain II aurait-il préparé la conquête de l’Amérique ?
La conquête de l’Amérique n’est pas partie de Séville en 1492, mais de Clermont en 1095. Car la destruction des empires aztèque et inca ne fut que l’aboutissement d’un mouvement amorcé très en amont : par l’appel à aller délivrer Jérusalem lancé par le pape français Urbain II. Dans un ouvrage dont l’originalité est saluée outre-Rhin, le journaliste Cay Rademacher propose une interprétation étonnante des croisades. Alors que des générations d’historiens ont voulu n’y voir qu’un désastre politique et militaire, Rademacher en fait un « succès presque sans précédent dans l’histoire ». Certes, ajoute-t-il, au prix d’inconcevables souffrances…
Son idée, explique Thomas Speckmann dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung, est la suivante : « Grâce aux croisades, les souverains chrétiens ont appris à envoyer des troupes dans des contrées lointaines et à les...