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Les écrivains et la marche, une longue histoire !


Qu’ils aient manifesté contre la réforme des retraites mardi ou jeudi, ou qu’ils aient dû affronter l’absence de transports en commun, cette semaine les Français ont marché.
Une activité qu’apprécient tout particulièrement les écrivains, rappelle l’auteur britannique Duncan Minshull. Dans Beneath My Feet (« Sous mes pieds »), qui rassemble 36 témoignages littéraires sur le pouvoir de la marche, il fait la part belle à la période romantique. La célébration de la nature par les romantiques est en effet due en grande partie, si ce n’est entièrement, au plaisir que leur procure la (re)découverte de la promenade à pieds.

Les promenades des écrivains romantiques

Jean-Jacques Rousseau en est l’exemple type, qui souligne dans ses Confessions : « La chose que je regrette le plus dans les détails de ma vie dont j’ai perdu la mémoire est de n’avoir pas fait des journaux de mes voyages. Jamais je n’ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j’ose ainsi dire, que dans ceux que j’ai faits seul et à pied ». Le poète anglais William Wordsworth, réputé pour parcourir quotidiennement 25 kilomètres à pied, fait le même constat. Dans son Prélude, parfois vu comme l’un des plus beaux poèmes sur la marche, la répétition mécanique de ses pas le mène à l’élévation spirituelle.

Tout au long du XIXe siècle, la promenade comme rituel social, les randonnées viriles et les ballades existentielles ont alimenté la littérature. Et pas besoin de vastes étendues verdoyantes, les écrivains citadins marchent aussi, que ce soit le flâneur de Baudelaire dans les rues de Paris ou Charles Dickens parcourant Londres en tout sens pour se nourrir de ses odeurs, bruits et conversations.

Ecrire en marchant

Dans L’art de marcher, l’écrivaine américaine Rebecca Solnit affirme qu’au XXIe siècle la promenade comme figure littéraire a pris un sens plus politique. « Dans une culture entièrement vouée à la production, penser est l’équivalent de ne rien faire et ne rien faire est difficile… ce qui se rapproche le plus de ne rien faire est de marcher », écrit-t-elle. La marche n’est plus seulement un bon exercice, mais devient un acte de résistance. Une position paradoxale puisque Solnit, comme beaucoup d’auteurs d’aujourd’hui continue de s’inspirer de ses pérégrinations pédestres pour stimuler sa créativité – et donc pour produire.

À lire aussi dans Books : La plume et son toit, octobre 2019.

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Beneath My Feet:Writers on Walking de Duncan Minshull, Notting Hill Edition, 2019

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