Inattendu
Temps de lecture 1 min

En quelle année sommes-nous ?


Ce 14 janvier, les orthodoxes russes, qui utilisent le calendrier julien, célèbrent la nouvelle année 2018. En février, ce sera au tour de la Chine de fêter l’an 4716. Le temps et les dates sont tout relatifs. En Occident, le décompte des années à partir de la naissance du Christ n’est adopté qu’au XVIIe siècle, rappelle le professeur de lettres classiques Denis Feeney dans Caesar’s Calendar. Avant cela, la maîtrise du temps est liée à la connaissance des événements et personnages marquants.

Pour les Romains comme pour les Grecs, les mots et concepts de « date » n’existent pas. Ils pensaient en terme de synchronisme. Un événement était situé, non sur une échelle, mais par rapport à un autre. Quand Diodore de Sicile décrit l’année 384 avant notre ère, il ne donne pas de date. Mais explique qu’il s’agit de l’année durant laquelle Diotrephès est le maître d’Athènes, Lucius Valerius et Aulus Mallius sont consuls à Rome et les Eléens célèbrent leur 99e olympiade dont l’épreuve de course à pied a été remportée par Dicon de Syracuse.

Les Romains se repéraient parfois à l’année de la fondation de Rome. Mais la date même de cette naissance était disputée. D’autres jalons comme l’expulsion des rois ou le sac de la ville par les Gaulois souffraient du même défaut. Le marqueur le plus fiable restait la liste des magistères annuels. Horace écrit ainsi d’une bouteille de vin qu’elle « a été produite l’année de sa naissance sous le consulat de Manlius ».

« Les écrivains antiques ne travaillaient pas avec des dates présentées sous une autre forme, souligne cependant Feeney, mais avec des fenêtres de temps qui étaient reconstruites pour chaque projet même si certains repères étaient constants. » Cette manière de s’orienter leur donnait une conscience historique très concrète. « L’horizon temporel des Romains n’était pas empli d’une série de jalons chiffrés, mais parsemé de grappes de personnes liées par des évènements mémorables », écrit Feeney.

 

A lire aussi dans Books : Ces horloges internes qui nous gouvernent, mai 2009.

 

 

SUR LE MÊME THÈME

Inattendu Se reproduire sans sexe
Inattendu États-Unis : les fiascos de l’impeachment
Inattendu Manger un steak, c’est classe

Dans le magazine
BOOKS n°123

DOSSIER

Faut-il restituer l'art africain ?

Edito

Une idée iconoclaste

par Olivier Postel-Vinay

Chemin de traverse

13 faits & idées à glaner dans ce numéro

Chronique

Feu sur la bêtise !

par Cécile Guilbert

Voir le sommaire